LES DIFFERENCES CULTURELLES

ENTRE L'INDE & LA FRANCE

Lorsque je suis arrivée en Inde pour la première fois, j’ai dû rapidement m’adapter. Ce n’était pas seulement pour un voyage que je me trouvais ici mais, pour étudier et vivre dans l’une des villes du pays : Pondichéry. Alors autant te dire que mes premiers jours ont été ponctuées d’un énorme choc culturel teinté de ravissement. Après tout, j’avais choisi de partir en Inde car je souhaitais un dépaysement total par rapport à la France. Au fil de mon carnet de voyage, je te propose d’explorer l’Inde à travers sa culture et ses traditions. 

Si tu souhaites en savoir plus sur l’Inde, je t’invite à te rendre sur la page dédiée. 

Les différentes étapes

Gauche ou droite ?

Pour te présenter le contexte, nous étions deux étudiantes étrangères en tourisme. J’étais donc accompagnée de Maria, une Colombienne venue étudier en France et ayant décidé de partir en échange en Inde, devenue l’une de mes amies proches.

Le lendemain de mon arrivée, des élèves de ma classe nous ont proposés à moi et Maria donc, de manger avec eux. L’un des élèves nous conduit donc en ville, dans un restaurant réputé pour sa cuisine tamoule. Il est déjà important de préciser qu’il est rare, très rare, qu’un étudiant possède sa propre voiture.

À l’arrivée de nos plats, je reste interdite. Il n’y a ni fourchettes ni couteaux ! Pourtant nous ne sommes pas dans un boui-boui comme j’aurai l’occasion d’en essayer des centaines, mais dans un beau restaurant. Je jette un coup d’œil à Maria qui est déjà ici depuis plusieurs jours. Elle y va à la main, je décide donc de faire de même. L’une des élèves me regarde fixement jusqu’à me dire quelque chose que je ne comprends pas au départ. Mon anglais est très très rouillé et l’accent du sud de l’Inde est très très différent de l’Américain auquel je suis habituée. Je finis par comprendre qu’elle me sermonne ! Et bien, en plus !

J’utilise en effet mes deux mains, alors que la main gauche est considérée comme impure. Dans le sous-continent indien, on l’utilise pour se nettoyer après ses besoins. Si l’usage du papier toilette est en train de se démocratiser, la majorité de la population utilise toujours l’eau pour se nettoyer. Les plus riches possèdent des douchettes à côté des toilettes, mais la plupart ont juste un seau. Après chaque besoin ils se rincent à l’eau, avec la main gauche, qu’ils n’utilisent donc pas pour manger. Lorsqu’on y pense, cela semble logique : se nettoie-t-on les mains seulement avec un essuie-tout ? Non, nous les passons sous l’eau pour enlever la saleté. Pourquoi en serait-il différent avec nos parties intimes ?

En parlant de toilette, l’un des détails amusants qui m’a marqué c’est le nom donné dans d’autres pays aux toilettes debout. Chacun y va de son propre nom, attribuant l’origine de ceux-ci à l’un ou l’autre pays voisin. Ainsi les toilettes turques comme on les surnomme en France sont appelées toilettes indiennes ici. Instant culture : aucun des deux n’est juste puisque leur origine est bien plus vieille que ça et remonte au moyen-âge.

Pour en revenir à l’usage de la main gauche, celle-ci ne s’utilise pas non plus pour donner quelque chose à quelqu’un. C’est même considéré comme très irrespectueux. Bon courage à toi, ami gaucher !

L'astuce

Afin de n'utiliser qu'une main, l'astuce est de récupérer la nourriture aux creux de ses quatre doigts, disposés comme une cuillère, puis de la pousser avec son pouce dans sa bouche.

Pur ou impur ?

Pour la prochaine anecdote, je vais devoir t’expliquer rapidement le fonctionnement des castes en Inde. Tu en auras sûrement déjà entendu parler ! Si celui-ci est supposé avoir été aboli, il reste très présent dans l’esprit de tous puisque ce système était religieusement respecté depuis plus de 3000 ans. Pour faire simple, à l’époque il y avait 5 grandes castes qui depuis ont été sous-divisées en plus de 3000 :

Les Brahmanes

Ils se trouvaient tout en haut de la pyramide sociale. En général, ils enseignaient ou dédiaient leurs vies à la religion (prêtres…).

Les Kshatriyas

On pensait alors qu’ils avaient été créés à partir des bras de Brahma, le dieu hindou de la création, et qu’ils devaient se pencher sur les affaires militaires. Ils appartenaient aux hautes sphères politiques, ou étaient guerriers.

Les Kshatriyas

Ils étaient quant à eux les marchands, commerçants et hommes d'affaires de l'époque. Ce sont eux qui diffusèrent la culture Indienne dans les régions voisines.

Les Shudras

Tout en bas de l’échelle se trouvait les Shudras qui se contentaient des activités agricoles et artisanales. Ils se doivent de nourrir les 3 castes supérieures.

Les Intouchables

Exclus de la pyramide sociale, on trouve les Intouchables. Des hommes et des femmes qui n’étaient même pas considérées comme humains et qui s’occupaient des pires tâches comme la « récolte » des excréments.

Ce système était, bien entendu, soutenu par la religion et les politiques puisque les plus hautes classes sociales s’enrichissaient sur le dos des plus pauvres. Il faut aussi comprendre que l’on naissait dans une caste et qu’on ne la quittait jamais. Peu importe leurs accomplissements, les Indiens des plus basses castes ne pouvaient s’élever. C’est pourquoi aujourd’hui toute discrimination liée aux castes est formellement interdite. Dans les faits en revanche, on glorifie un Brahmane (il y en avait un dans ma classe…) et on ignore un Intouchable. Des quotas scolaires et administratifs existent pour permettre aux castes les plus pauvres de sortir de leur condition, mais dans le milieu rural, le changement prend du temps. Il existe également des castes chez les musulmans indiens, mais celles-ci sont différentes de celles hindoues, bien que tout autant présentes. Si tu souhaites en apprendre plus sur les castes, je te conseille cette vidéo et pour en savoir plus sur la réalité des Intouchables, encore aujourd’hui, cette courte vidéo.

Un long préambule pour finalement en arriver à une mésaventure qu’il m’est arrivé lors d’un voyage scolaire. Nous étions alors dans le compartiment d’un train avec une dizaine d’étudiants. Nous rigolions et nous chamaillions comme des enfants. À un moment, je titille de mon pied Velu, qui vient du Kerala. Lorsque celui-ci s’en rend compte, il se lève soudainement une expression de colère sur son visage. Il s’énerve, me demande de ne plus jamais le faire et quitte le wagon, me laissant complètement abasourdie par ce qu’il vient de se passer. Ajay me rassure et m’explique alors « Toucher quelqu’un avec son pied en Inde, revient à l’insulter d’Intouchable ». En effet, ces derniers ne pouvaient toucher que les pieds des autres castes, d’où leur nom. Mon geste est donc considéré comme extrêmement irrespectueux et insultant ! Les pieds, qui étaient autrefois au contact de la terre, de la saleté et des défections, sont considérés comme impurs. Le pauvre Velu revient quelques minutes plus tard pour s’excuser platement, tout comme moi. Promis, mes pieds resteront au sol. A contrario, en Inde, toucher les pieds d’un aîné est considéré comme une marque de respect profond. La personne âgée doit, en retour, offrir sa bénédiction à celui qui s’est prosterné afin de lui porter chance.  

Hommes et femmes ?

Les relations hommes-femmes ne pourraient être plus différentes en Inde qu’en France. C’est l’une des différences qui m’a le plus marquée puisque lors de mon séjour puisque je suis tombée amoureuse d’un Indien avec qui je suis restée presque un an. Et je ne m’attendais certainement pas à ce que vivre mon histoire soit si compliqué à vivre !

LE MARIAGE

En théorie, les relations hors mariage n’existent pas et l’amour n’a pas vraiment sa place dans la société. Si c’était parfaitement vrai il y a une vingtaine d’années, aujourd’hui la culture occidentale et les films Bollywood font doucement changer les mœurs chez les jeunes générations. Il est donc un petit plus fréquent de croiser des couples amoureux dans les très grandes villes comme Mumbai ou Delhi, ou au Nord-Est du Pays. Dans cette région enclavée entre le Bangladesh et la Birmanie, où vivent des tribus telles que les Boro (Hello Ajay !) ou les Paite (Hello Mel !) les coutumes sont très différentes. Chez les Khasi par exemple, ce sont les femmes qui sont aux commandes ! Et tu vas vite comprendre que c’est une exception en Inde…

Ainsi donc en Inde, il est très mal vu d’être en couple avant son mariage. Il faut se préserver pour sa nuit de noces, et rester pur pour celui ou celle que tes parents choisiront. Moins de 10% des mariages en Inde sont des mariages d’amour ! Les parents dénichent le futur conjoint de leurs enfants grâce à divers critères. Parmi eux, la caste bien sûr. Ainsi Haris, jeune musulman d’une haute classe souhaite se marier à la jeune fille qu’il fréquente et qu’il aime. Ses parents acceptent malgré la caste de la femme, bien moins élevée que la sienne. Les parents de celle-ci ont refusé. La raison ? Ils ont peur que Haris abandonne la femme plus tard, car sa caste est trop basse. Outre la caste, il y a également le travail, la religion voire le signe astrologique, le groupe sanguin et la dot. La famille de la mariée doit offrir une somme conséquente ou des biens précieux à la famille du marié.

Si autrefois les mariages se faisaient énormément entre deux personnes du même village, aujourd’hui les nouveaux moyens de communication permettent aux parents de poster des annonces sur des sites spécialement dédiés. Il suffit pour eux de renseigner certaines informations pour entrer en contact avec d’autres parents à la recherche, comme eux, d’un conjoint pour leur enfant. Certains font également appel à des agences matrimoniales qui font le travail à leur place. 

Généralement les parents de chaque côté se rencontrent puis organisent une entrevue entre les enfants. Ceux-ci ont le droit de refuser quelques prétendants. Les enfants peuvent échanger par messages, mais se retrouvent rarement seuls avant le mariage.

Ne te méprends pas cependant. Mariage arrangé ne veut pas dire mariage forcé. La grosse majorité de mes amis Indiens en sont heureux : « Pourquoi devrais-je chercher quelqu’un alors que ma mère trouvera la personne parfaite ? ». Ils pensent également qu’ils finiront par apprécier leur conjoint(e). Si c’est souvent le cas, parfois cela se passe parfois moins bien. Les violences faites aux femmes sont extrêmement élevées, surtout dans les milieux défavorisés. Malgré les nombreuses lois, il reste culturellement admis qu’un homme puisse disposer de sa femme comme il le souhaite. L’un de mes camarades était marié et elle passait le plus de temps possible loin de son mari et de sa maison qu’elle haïssait. Ils se sont finalement quittés. Le divorce, ce n’est l’apanage que des mieux lotis et cela amène la honte sur la famille. Car un mariage en Inde n’est jamais entre deux personnes. Il est entre deux familles.

Cette « honte » que les familles souhaitent à tout pris éviter les pousse parfois aux pires atrocités. Il n’est donc pas rare de voir des meurtres perpétrés au nom de l’honneur dans les journaux.

Malgré le risque, quelques jeunes vivent leur amour caché. Le plus souvent, il dure uniquement le temps des études, alors qu’ils sont loin des parents, en internat. Ils ne se préoccupent ni de leur religion, ni de leur caste, ni de leur argent pendant quelques années avant de se marier avec la personne désignée par leur famille. J’ai ainsi vu une jeune étudiante, folle amoureuse d’un garçon de l’université, et qui, lorsqu’elle rentrait dans le Nord, vivait avec son mari tout en lui cachant tout de son véritable amour.

La police des mœurs veille cependant au grain. À Delhi, des policiers patrouillent et réprimandent les jeunes couples, voir appelle leurs parents. Une menace que chacun redoute, les conséquences pouvant être désastreuses. Pas de démonstration d’affections en public donc, au risque de se faire insulter. À Varanasi, ville sacrée de l’Inde, je me suis fait violemment insulter de tous les noms pour tenir la main de mon compagnon. Si ce n’est pas le cas partout, il convient de rester discret. Les couples mixtes sont généralement très mal vus.

Excepté certains OVO qualifiés « Couple friendly » sur leur site, aucun hôtel n’accepte un couple sans certificat de mariage. Au mieux, on vous jettera dehors, au pire on appellera la police. Bien sûr, un couple composé d’un homme et d’une femme, tous deux occidentaux, cela peut passer. Mais aucune chance si l’un des deux au moins est Indien ! Imagine donc à quel point il a été difficile de voyager avec mon compagnon.

Les internats sont étroitement surveillés. Il est là encore difficile pour les couples de s’y retrouver. L’amour physique est un sujet tabou en Inde (et ce malgré le fameux kamasutra) : les sites pornographiques sont interdits sous peine de sanctions et il n’y a aucune éducation sexuelle dispensée à l’école. La plupart des jeunes découvrent le « plaisir » charnel lors de leur nuit de noces, mais de plus en plus trouvent des moyens de se retrouver discrètement, dans des lieux abandonnés par exemple.

LES RELATIONS AMOUREUSES

L' AMITIE

Malgré ces relations amoureuses compliquées, l’amitié fille-garçon existe dans les milieux les plus éduqués. Les démonstrations d’affections entre amis sont généralement perturbantes pour les Européens. Ainsi deux meilleurs amis garçons, se tiennent souvent la main, qu’ils aient 6 ou 26 ans. En aucun cas, ce n’est la démonstration de sentiments amoureux, car bien que l’homosexualité a été dépénalisée il y a quelques années, elle reste malheureusement un sujet tabou.  

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